Masuana

La terre est fondamentale dans la perception du monde de nos communautés ; elle est le socle de notre identité, de notre gouvernance et de notre spiritualité. Cette notion ouverte couvre un ensemble plus complexe, où les paradigmes de nos peuples répondent à cet environnement.

Identité

Notre identité est façonnée par la vie qu’offrent nos différents bassins de vie : forêts, sous-sols, fleuves, mangroves, mer, savanes et montagnes.

Ces ensembles qui fonctionnent en synergie forgent le lien d’appartenance à l’environnement direct de nos peuples, et leurs dynamiques posent les bases de nos langues, de nos rites et de nos liens sociétaux.

Le savoir-faire de nos peuples s’est ainsi construit dans sa capacité à structurer un modèle de société au sein d’un milieu possédant de multiples spécificités, tout en étant à l’écoute de la terre. Ainsi, nos nations ont pu développer leur aptitude à être en symbiose avec l’ensemble du vivant pour créer une dynamique de régulation de la vie.

Ces savoirs sont issus d’un mode de vie adopté au fil des millénaires, dans nos déplacements, dans la compréhension des cycles météorologiques et de l’interdépendance des espèces animales et végétale. Il apparait alors une grande capacité de résilience, miroir de celle dont fait preuve la nature dans sa faculté d’adaptation et de survie.

De la vallée de l’Oyapock, d’Amana, du Malani, de Kayani, du Tanpok, de Wayapoucou, du Lawa, ces milieux façonnent nos échanges, nos attaches et nos savoirs, ils font notre passé, notre présent, notre avenir.

Notre identité est un tissage de masuana-amazonie.

Gouvernance

Nos terres dictent nos modes de gouvernances, nous sommes Kali’na, Parikweneh, Wayana, Teko, Wayampi, Arowaka , noms de peuple dont la signification rejoint le vivant, rejoint l’Homme. Nous sommes les bras d’un grand fleuve et la connexion avec nos aires d’influences en est un exemple.

La terre nous apporte ses connaissances, à travers sa diversité, sa faune et sa flore, ses ressources aquatiques, son sous-sol et bien plus encore, elle est l’essence de notre cosmovision.

C’est ainsi que la communauté reconnaît la valeur de ceux qui, parmi elle, ont compris toute l’étendue, toute la complexité de ce qu’offre la terre. Celui qui écoute, celui qui conseille, celui qui soigne, celui qui chante, celui qui enseigne, celui qui sait nourrir autrui, celui qui sait comprendre la terre, le ciel et l’eau et bien plus encore. A travers ce savoir reconnu, une terre peut donner naissance à Yopoto, Hiyaptigi, Balozen, Umitïn, Tuyam ou Tuyã, pilier des gouvernances amazoniennes.

Nos échanges racontent ainsi l’immensité de l’Amazonie et démontrent la continuité dans l’occupation de nos espaces. L’écoute des Basal, des Tadzat, Tapian ou Taya est naturelle et à la même valeur, c’est ensemble que nous arrivons à nous guider.

Ainsi malgré le génocide épidémiologique de nos peuples lors des guerres contre l’occident, notre ancrage millénaire permet la subsistance de notre gouvernance et de notre cosmovision. Nos peuples, plus vivants que jamais, s’autodéterminent encore aujourd’hui.

Spiritualité

Le sol, l’air, le ciel, les eaux et les astres sont les points de résonnances de notre cosmovision, de la voie lactée à l’argile, de la naissance d’un peuple aux composantes du monde. Cette articulation dont nous avons encore écho grâce à la transmission des anciens illustre l’union de nos peuples dans leurs cosmogonies et notre capacité à coexister durablement au sein de cet environnement.

Il s’agit aujourd’hui d’affirmer ce lien face à des sociétés capitalistes, nationalistes et répressives. Le défi qui est le nôtre aujourd’hui est de contrer l’assimilation des sociétés dominantes et d’amener à la déconstruction des dogmes et des paradigmes qui s’opposent à notre identité.  

Aulaguea Therese, juriste kali’na, Coordinateur délégué à la Communication et aux Relations Internationales